- « Bonjour docteur, je viens vous voir, car j’ai mal au dos »
- « Très bien, faits voir vos dents »
- « Non doc’, j’ai dit dos : D.O.S »
- « J’ai bien compris merci, faites moi voir vos dents : D.E.N.T.S »
Bien que vieillissant, votre cher médecin de famille ne perd pas la boussole, les statistiques montrent qu’un cas de mal de dos sur 3 proviendrait des dents !
Et si la clé de la guérison de votre dorsalgie était « simplement » de réaligner vos dents ? Bon, ce n’est pas si simple, et ce n’est peut-être pas non plus la cause, mais nous allons voir tout cela dans les détails.
Quand la dent va, tout va !
Il a depuis longtemps été mis en évidence que certains maux de dents peuvent être associés à d’autres douleurs partout dans le corps, pouvant ainsi causer des sciatiques, des cervicalgies, des tendinites et même des acouphènes.
Est-ce vraiment étonnant lorsque l’on considère le corps comme un ensemble qui doit fonctionner en symbiose…pas vraiment. Alors non, ce n’est pas votre petite carie qui est responsable de votre lombalgie.
C’est qui le responsable ?
Tous ces maux auraient la même origine : on l’appelle, tenez-vous bien, le dysfonctionnement temporo-mandibulaire, soit un mauvais fonctionnement de la mandibule (un os anciennement appelé maxillaire inférieur qui forme la mâchoire inférieure).
Quand l’articulation de la mâchoire fonctionne mal, on peut avoir des douleurs qui se répercutent ailleurs : genoux, dos, tête, chevilles, hanches, etc..
Tout viendrait de l’occlusion dentaire, c’est-à-dire la façon dont les dents du haut s’emboitent avec celles du bas. Si cette dernière n’est pas parfaite, l’articulation risque d’être déséquilibrée. Quand une personne souffre d’un déséquilibre au niveau des jambes (une jambe plus courte que l’autre par exemple), ce déséquilibre peut être répercuté jusque dans la mâchoire.
Et bien devinez quoi ? La réciproque est vraie !
Si vous souffrez d’une malocclusion dentaire, ce déséquilibre peut se répercuter ailleurs et créer un phénomène de « fausse jambe courte ».
En fait, d’un point de vue anatomique, c’est presque logique. La mandibule est attachée à des muscles reliés à la colonne vertébrale et à la ceinture scapulaire des épaules. Si votre mâchoire n’est pas parfaitement alignée dans l’axe du corps, ce dernier surcompense et s’adapte en tout point.
Ainsi une mâchoire légèrement décalée sur la droite contraindra potentiellement épaule, omoplate et bassin droits à remonter, créant un déséquilibre sur le pied droit.
Une mandibule décalée d’un centième de millimètre peut modifier notre posture et engendrer des douleurs de la tête jusqu’aux pieds, en passant par le dos. La malocclusion serait selon estimations responsables de 35 % des cas de mal de dos ! Si notre corps est capable de pallier ces défauts de positionnement, cela n’a rien de bon sur le long terme. Une mauvaise posture peut irriter un nerf ou sur solliciter un muscle, peuvent s’en suivre des acouphènes, des cervicalgies, des tendinites et autres lombalgies.
Problème : on ne s’en aperçoit pas toujours si bien qu’une personne sur deux actuellement souffrirait d’un tel dysfonctionnement !
D’où vient la malocclusion dentaire ?
La malocclusion dentaire peut être causée par :
- une dent manquante et non remplacée : les dents proches vont alors avoir tendance à venir fermer l’espace libre de manière anarchique
- une couronne dentaire mal ajustée ou un bridge mal adapté
- des facteurs génétiques
- le mauvais développement des arcades dentaires durant l’enfance : typique chez les enfants ayant sucé leur pouce
- accouchement difficile
- hormones : beaucoup de cas sont décelés durant la ménopause
Petite note aux futures mamans, allaiter pourrait grandement réduire les risques de malocclusion dentaire, le sein étant plus bénéfique à la mâchoire qu’une tétine en plastique.
Le cas du serrage de dents
Une autre cause est potentielle est le fameux « serrage de dents », qui est de plus en plus communes du fait de notre mode de vie moderne toujours plus stressant. Serrer les dents est une catastrophe qui engendre souvent un dysfonctionnement temporo-mandibulaire.
70% de la population a connu au moins un épisode de serrage de dent intense au stress.
Le fait de serrer les dents très fort porte même un petit nom, le bruxisme, mignon non ? Non, pas tellement, grincer des dents toute la nuit est non seulement pénible pour le compagnon qui partage le lit, mais ça l’est tout autant pour les muscles.
Quand vous êtes « bruxiste », vous placez une pression de 80 à 120 kg/cm2 sur votre dentition, pour vous rendre compte, cela équivaut au poids d’un homme sur chacune de vos dents !
Généralement, les dentistes s’en aperçoivent très vite à l’usure de vos dents, c’est pourquoi vous feriez bien de vous rendre au plus vite chez votre spécialiste en dentisterie. Petit conseil, si vous êtes atteint de phobies dentaires, choisissez des soins dentaires sous anesthésie générale comme la pratique cette clinque dentaire à Paris.
Que faire contre le serrage de dents ?
Il existe des solutions. Il faut commencez par en prendre conscience, soit grâce à son partenaire de vie qui n’en dort pas la nuit (grincer des dents émet un bruit monstrueux !), soit en se rendant chez son dentiste.
Une fois que vous en avez conscience, il existe une petite technique très simple pour ne pas serrer des dents la journée, pincez-vous les lèvres l’une contre l’autre. La nuit, c’est plus compliqué en revanche.
Le port d’une gouttière est la solution la plus fréquente. On vient fixer une cale en résine sous les dents pour protéger l’email. C’est un processus de rééducation assez long qui se fait avec le dentiste, qui modifie régulièrement la forme de la gouttière pour rééquilibrer la mâchoire.
Ce traitement est efficace bien que contraignant, surtout pour ceux qui portent la gouttière aussi de jour, d’autant que ce n’est pas donné, on parle de 300 à 1000€. Souvent, on constate qu’après quelques mois de port, les patients s’habituent et ont même tendance à serrer davantage les dents, le traitement ne se suffit parfois pas à lui même.
Parmi les autres traitements on peut citer :
- les myorelaxants qui détendent les muscles de la mâchoire
- les infiltrations d’anti-inflammatoires
- les injections d’anesthésiques locaux dans le fond de la bouche pour détendre les muscles.
Conclusion
Bon déjà, pas de panique, seule une minorité de personnes présentant une malocclusion nécessite des soins.
Vous pouvez déjà faire un test là, chez vous, en ouvrant votre bouche et en analysant toute potentielle douleur articulaire. Y’a-t-il des craquements ou un manque d’amplitude dans votre ouverture buccale ? Votre mâchoire dévie-t-elle ?
Observez-vous maintenant dans un miroir : les crêtes de votre bassin sont-ils à la même hauteur, quid des épaules.
Ensuite, votre premier réflexe doit être d’aller consulter l’ostéopathe et de parler avec lui d’une éventuelle cause dentaire. Il ne sera pas du tout surpris, les ostéopathes ont pour habitude de considérer le corps dans son ensemble et « d’enquêter » sur l’alignement. Il va lever toutes lésions de compensation, mais pourra être limité.
C’est pourquoi vous devrez « recruter » le second membre de votre équipe : un bon dentiste, qui travaillera en étroite collaboration avec votre ostéo. Vous feriez bien d’en choisir un spécialisé dans l’occlusodontie.
Ne foncez pas tête baissée dans un traitement couteux sans garantie de résultats, il faut d’abord être certain que les dents sont bien l’origine de vos maux ! Si au bout de quelques mois de gouttière, vous ne voyez pas d’amélioration, c’est le signe que les dents ne sont pas en cause…
Sources :