J’ai déjà parlé à plusieurs reprises des problèmes de mal de dos au travail en ce qui concerne les jobs de “bureau”.
J’aimerais aujourd’hui m’adresser aux travailleurs manuels, qui sont davantage susceptibles de souffrir de la colonne vertébrale.
Dans mon dernier post, j’évoquais les métiers les plus sujets aux épisodes de douleurs lombaires, ceux qui exposent au port de charges lourdes, à une certaine dose de vibrations ou à devoir se tenir en position assise ou debout de manière prolongée .
Parmi ces métiers (travailleurs à la chaîne, infirmiers, mécaniciens, travailleurs de chantier), il y a souvent un coupable commun (et si ce n’est pas lui directement le fautif, il contribue grandement à la douleur chronique au dos).
Ce coupable que je pointe du doigt, c’est la chaussure de travail, et plus particulièrement, les chaussures de sécurité !
Vos chaussures sont elles responsables de vos douleurs dorsales ?
Pas obligatoirement, mais elles le peuvent.
Vous le savez sans doute, le port de certains types de chaussures n’est vraiment pas recommandé et peut entraîner des troubles musculo-squelettiques.
Vos douleurs de pieds peuvent vous sembler bien éloignées de vos douleurs de dos, mais ne vous méprenez pas, les deux peuvent être liées par ce qu’on appelle la chaîne cinétique. Ce concept indique que la façon dont vous bougez une partie de votre corps affecte d’autres parties du corps, ce qui est logique.
Les pieds sont la base du corps.
Les statistiques montrent qu’à la naissance, la plupart des gens ont des pieds parfaits. À l’âge de 20 ans, 80% de ces “pieds parfaits” auront développé un certain type de problème, et à l’âge de 40 ans, presque tout le monde souffrira d’une condition au niveau des pieds.
De nombreuses affections du pied finissent par contribuer à des problèmes de santé plus haut dans la chaîne cinétique, ce sont souvent des maux de dos qui en résultent.
De mauvaises chaussures avec un mauvais soutien de la voûte plantaire peuvent donc directement vous conduire aux maux de dos, on sait que les talons hauts par exemple peuvent faire dévier l’alignement naturel du pied et augmenter le stress et la tension dans le bas du dos. À l’autre extrémité du spectre, les tongs sont si plates que le manque de soutien peut entraîner des douleurs à la voûte plantaire, au talon, à la cheville ou au genou.
On incrimine ici les talons hauts et les tongs, mais elles ne sont pas les seules, globalement, toute paire de chaussures qui :
- compressent et compactent les orteils (chaussures pointues par exemple)
- mettent le talon mal à l’aise en le surélevant
- modifient la position naturelle des pieds de quelque façon que ce soit
- sont tout simplement mal ajustées
mèneront à des déséquilibres musculaires qui pourront créer des douleurs dorsales.
Alors oui je sais, les escarpins c’est joli, mais je ne vous dis pas là de les abandonner, juste de ne pas trop les mettre.
Par contre, certains travailleurs n’ont d’autres choix que d’enfiler leurs chaussures de sécurité, souvent lourdes (c’est un euphémisme) et bien inconfortables, et ce pour de longues périodes et au quotidien…
Vous avez déjà sans doute entendu un travailleur se plaindre d’inconfort ou de douleur à cause de ses chaussures de sécurité, bien que les modèles présents sur le marché aient fait d’énormes progrès en la matière, avec des marques comme >Wurth qui s’efforce de faire des choses légères et confortables.
Mais vous serez peut-être surpris d’apprendre qu’une récente étude de la chercheuse en biomécanique Terje Haugaa a révélé que plus de 30 % des personnes qui portent des chaussures de sécurité ont un problème de santé au pied. 3 travailleurs sur 10, c’est énorme !
Il est essentiel pour travailleur et employeur que les chaussures de sécurité soient choisies avec soin, à la fois pour réduire l’apparition de problèmes de santé et pour éviter un impact négatif sur la productivité.
Quels sont les risques d’une chaussure de sécurité de mauvaise qualité ?
Certains employés de chantier passent plus de temps à porter des chaussures de sécurité que toutes autres chaussures !
Il est crucial que celles-ci ne soient ni trop serrées, ni trop lourdes, qu’elles ne frottent pas et soient suffisamment protégées thermiquement.
Les troubles musculo-squelettiques (TMS) sont l’un des problèmes les plus importants dans ce genre de milieu professionnel, et s’ils sont généralement liés aux mains et aux pieds, ces affections peuvent entrainer des répercussions sur les genoux, les hanches, la colonne vertébrale et le cou. Un mauvais soutien de la semelle ou du talon est l’une des principales causes de fasciite plantaire (due à la surpronation du pied), les ligaments, les muscles et les nerfs du pied sont alors sollicités à l’excès.
Comment choisir une bonne paire de chaussures de sécurité ?
1/ Sécurité : les chaussures sont-elles adaptées à mon usage ?
Il n’y a pas une paire de chaussures de sécurité parfaite pour toutes les applications.
Chaque poste de travail doit être abordé avec une évaluation des risques liés et les chaussures doivent être choisies pour protéger contre les dangers qui y sont présents.
La première chose à considérer est donc de savoir quels sont les risques dans chaque environnement individuel.
Par exemple, y a-t-il présence d’eau, d’huile (donc risque de chute), y’a-t-il manipulation d’outils tranchants, contact avec des surfaces chaudes, dangers électriques, etc.
Il est important de se référer aux cotes qui vous diront quelles sont les propriétés des chaussures, afin que vous puissiez directement corréler les dangers dans un environnement particulier avec le meilleur produit pour le travail. Ces cotes sont affichées sous forme de codes.
2/ L’ajustement est il correct ?
Il est tout aussi important d’obtenir un bon ajustement que de s’assurer que les chaussures conviennent à l’environnement de travail et à la profession.
Des chaussures mal ajustées peuvent entraîner des oignons, des cors, des callosités et d’autres problèmes de pieds.
Souvent, les travailleurs présentent des couleurs simplement parce qu’ils ne portent pas la bonne taille.
Des chaussures qui s’ajustent correctement doivent permettre aux orteils de remuer, avec un espace d’environ 1 cm entre le plus long orteil et l’extrémité de la chaussure. En ce qui concerne les embouts métalliques ou composites, si les chaussures sont rembourrées et bien ajustées, vous ne devriez pas être en mesure de sentir les embouts du tout. Le talon doit être bien ajusté sur le pied et stabiliser le pied au contact du sol.
Prenez la mesure de vos deux pieds, car ils peuvent ne pas être de la même taille, la longueur, la profondeur et la largeur étant toutes considérées de façon égale. Des mesures devraient être effectuées périodiquement en cas de changement.
3/ Confort : facteur primordial
Parfois, bien qu’elles soient de la bonne taille et qu’elles soient conformes à toutes les règles de sécurité en vigueur, les chaussures de sécurité peuvent être inconfortables.
En termes de pieds, une chose est certaine : il n’y a rien d’universel !
Il se peut que la chaussure ne convienne tout simplement pas aux pieds du travailleur qui la porte.
Essayez différents produits, lisez les commentaires et les avis, car après tout, vous allez les porter tous les jours !
Il existe également des moyens d’augmenter le confort sans changer de modèle, par l’insertion de semelles intérieures et de chaussettes de bonne qualité.
Vous pouvez aussi aller consulter un podologue pour des semelles orthopédiques.
Un mot à ce sujet : les maux de dos peuvent avoir plusieurs causes, mais si votre médecin traitant n’est pas en mesure de diagnostiquer la douleur, il est peut-être temps de consulter un podologue pour vérifier vos pieds, votre démarche et votre alignement.
Pour vous préparer au rendez-vous, dressez une liste de questions et de symptômes ainsi qu’un historique médical, y compris les médicaments pris, les tests effectués jusqu’à présent (imageries). Apportez-lui également vos chaussures de sécurité si ces dernières vous font mal.
Entretenez vos chaussures de sécurité !
Maintenant que vous avez enfin des chaussures bien ajustées et confortables, il est important de vous assurer que la qualité est maintenue.
Si les chaussures ne sont pas entretenues régulièrement, elles deviendront rapidement inadaptées malgré toutes les précautions prises précédemment. Avant de les porter, les chaussures de sécurité doivent toujours être contrôlées pour détecter les défauts, les dommages, l’usure et la saleté.
Le nettoyage des chaussures doit se faire régulièrement. Si les bottes sont en cuir lisse, elles doivent être polies et traitées, et si elles sont en daim, elles doivent être brossées et traitées avec un spray hydrofuge. Les semelles doivent être brossées et lavées pour éliminer la saleté et les contaminants, et les chaussures doivent être entreposées dans un endroit frais et sec à l’abri de la lumière directe du soleil. Pour des instructions de nettoyage plus détaillées, veuillez consulter les conseils d’entretien du fabricant.
Enfin, rappelez-vous bien : si l’inconfort survient tôt et que les semelles intérieures et/ou de bonnes chaussettes n’y changent rien, essayez vite une autre chaussure plutôt que continuer de les porter en tirant la grimace. Des chaussures de sécurité inconfortables ne devraient jamais être supportées, votre confort passe pavant tout !